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Legendi tempus
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7 février 2008

Paulo COELHO, Le Pèlerin de Compostelle (1986)

« L’extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires »

Le_p_lerin_de_CompostelleLe roman

« Le Pèlerin de Compostelle » est un livre écrit à la 1ère personne. Il raconte le pèlerinage de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Jacques de Compostelle. C’est le voyage initiatique d’un homme à la recherche de son épée, le secret de la vie. Tout au long de ce voyage, son guide Petrus lui fera subir de nombreuses épreuves (exercices de la Semence, de la Vitesse, de la Cruauté, rituel et rencontre du Messager,…) et le pèlerin, débarrassé de son orgueil, en sera transformé. « Et le secret de mon épée, comme le secret de toute conquête que l’homme cherche dans cette vie, était la chose la plus simple du monde : qu’en faire ? »

Le récit est rempli de symboles ; chacun de ces exercices peut être pratiqué pour enrichir et améliorer notre vie de tous les jours.

Mon avis

D’une manière générale, pas d’enthousiasme réel. Le récit m’a paru inégal avec des moments très forts comme la définition du « Bon Combat », l’épisode du démon intérieur ou de l’enterré vivant et d’autres où l’écriture se fait moins dense et se traîne un peu… Le souffle qui passe dans ce livre n’est ni constant, ni total et j’ai eu, maintes fois, l’envie de passer à autre chose. Ce qui m’en a retenu ce sont quelques phrases, quelques instants au gré des pages : j’espérais les voir se reproduire.




L’auteur

Paulo Coelho est un romancier contemporain brésilien (il est né en 1947 à Rio de Janeiro), auteur également de « l’Alchimiste ».

http://www.paulocoelho.com/




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Extrait

Je reproduis un passage qui m’a beaucoup marqué, celui du « Bon Combat » (pp. 80 à 84) :

« Le chemin que tu es en train de faire est le chemin du pouvoir, et seuls les exercices de pouvoir te seront enseignés. Le voyage qui, au début, était une torture parce que tu ne souhaitais qu'arriver, commence à se transformer en plaisir, le plaisir de la quête et de l'aventure. Ainsi, tu nourris tes rêves, qui sont essentiels.

« L'homme ne pourra jamais cesser de rêver. Le rêve est la nourriture de l'âme comme les aliments sont la nourriture du corps. Très souvent, au cours de notre existence, nous voyons nos rêves déçus et nos désirs frustrés, mais il faut continuer à rêver, sinon notre âme meurt et Agapè ne peut la pénétrer. Le sang a coulé dans la campagne qui s'étend devant tes yeux et là se sont livrées les batailles les plus cruelles de la Reconquête. Qui avait raison ou détenait la vérité, cela n'a pas d'importance: l'important est de savoir que, des deux côtés, on menait le Bon Combat.

« Le Bon Combat est celui qui est engagé parce que notre cœur le demande. Dans les époques héroïques, au temps des chevaliers errants, c'était facile, il y avait des terres à conquérir et bien des choses à faire. Aujourd'hui, le monde a beaucoup changé, et le Bon Combat s'est déplacé des champs de bataille à l'intérieur de nous-mêmes.

« Le Bon Combat est celui qui est engagé au nom de nos rêves. Quand ils explosent en nous de toute leur vigueur - dans la jeunesse -, nous sommes très courageux mais nous n'avons pas encore appris à lutter. Lorsque, après beaucoup d'efforts, nous finissons par l'apprendre, nous n'avons plus le même courage pour combattre. Alors nous nous retournons contre nous-mêmes et, au bout du compte, nous devenons notre pire ennemi. Nous disons que nos rêves sont infantiles, difficiles à réaliser, ou le fruit de notre méconnaissance des réalités de la vie. Nous tuons nos rêves parce que nous avons peur de mener le Bon Combat.»

La pression du doigt de Petrus sur ma nuque s'est faite plus intense. J'ai cru voir le clocher de l'église se transformer-le contour de la croix ressemblait à un homme avec des ailes. Un ange. J'ai cligné des yeux et la croix est redevenue ce qu'elle était.

« Le premier symptôme du fait que nous tuons nos rêves est le manque de temps, a poursuivi Petrus. Les gens les plus occupés que j'ai connus au cours de ma vie avaient toujours du temps pour tout. Ceux qui ne faisaient rien étaient toujours fatigués, ne se rendaient pas compte du peu de travail qu'ils réalisaient et se plaignaient constamment que la journée était trop courte. En vérité, ils avaient peur de mener le Bon Combat.

«  Le deuxième symptôme de la mort de nos rêves, ce sont nos certitudes. Parce que nous ne voulons pas regarder la vie comme une grande aventure à vivre, nous commençons à nous juger sages, justes et corrects dans le peu que nous attendons de l'existence. Nous regardons au-delà des murailles de notre quotidien et nous découvrons le bruit de lances qui se brisent, l'odeur de sueur et de poussière, les grandes chutes et les regards assoiffés de conquête des guerriers. Mais nous ne concevons jamais la joie, la joie immense qui est dans le cœur de celui qui lutte parce que, pour lui, ni la victoire ni la déroute n'ont d'importance, seul compte de mener le Bon Combat.

« Enfin, le troisième symptôme de la mort de nos rêves, c'est la paix. La vie devient un dimanche après-midi, elle ne nous demande pas de grandes choses, et n'exige pas plus que nous ne voulons donner. Nous pensons alors que nous sommes mûrs, que nous laissons de côté les fantaisies de l'enfance, et que nous atteignons notre réalisation personnelle et professionnelle. Nous sommes surpris lorsqu'une personne de notre âge dit qu'elle aime encore ceci ou cela de la vie. Mais en vérité, dans notre for intérieur, nous savons ce qui s'est passé : c'est que nous avons renoncé à lutter pour nos rêves, à mener le Bon Combat. »

Le clocher de l'église se transformait à chaque instant et à sa place semblait surgir un ange aux ailes déployées. J'avais beau cligner des yeux, la figure restait là. J'ai eu envie d'en parler à Petrus, mais j'ai senti qu'il n'avait pas encore terminé.

« Lorsque nous renonçons à nos rêves et trouvons la paix, a-t-il repris après un moment, nous connaissons une courte période de tranquillité. Mais les rêves morts commencent à pourrir en nous et à infester toute notre atmosphère. Nous devenons cruels envers ceux qui nous entourent, et finalement nous retournons cette cruauté contre nous-mêmes. Surgissent les souffrances et les psychoses. Ce que nous voulions éviter dans le combat -la déception et l'échec - devient le seul legs de notre lâcheté. Et un beau jour, les rêves morts et pourris rendent l'air irrespirable et nous désirons la mort, la mort qui nous délivre de nos certitudes, de nos occupations, et de cette terrible paix des dimanches après-midi. »

J'étais sûr maintenant que je voyais vraiment un ange et je ne parvenais plus à suivre les paroles de Petrus. Il a dû le deviner car il a ôté son doigt de ma nuque et il s'est tu. L'image de l'ange est demeurée un instant puis elle a disparu. A sa place, a de nouveau surgi le clocher de l'église.

Nous sommes restés silencieux quelques minutes. Petrus a roulé une cigarette et s’est mis à fumer. J’ai pris dans mon sac la bouteille de vin et j’en ai bu une gorgée. Il était chaud mais il avait conservé sa saveur.

« Qu’as-tu vu ? » a-t-il demandé.

Je lui ai raconté l’histoire de l’ange. Je lui ai dit qu’au début quand je clignais des yeux, l’image disparaissait.

« Toi aussi tu dois apprendre à mener le Bon Combat. Tu as appris à accepter les aventures et les défis de la vie, mais tu continues à vouloir nier l’extraordinaire. »

« La seule manière de sauver nos rêves est d’être généreux envers nous-mêmes. Il faut traiter avec rigueur toute tentative d’autopunition, aussi subtile, soit-elle. Pour savoir quand nous devenons cruels envers nous-mêmes, nous devons transformer en douleur physique la moindre apparition d’une douleur spirituelle, comme la culpabilité, le remords, l’indécision, la lâcheté. En faisant d’une douleur spirituelle une douleur physique, nous saurons le mal qu’elle peut nous causer » 

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