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Legendi tempus
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5 août 2012

Janine DECANT, Louis II de Bavière. Le Roi bâtisseur de rêves (2012)

 

Louis II de Bavière

C’est à une totale réhabilitation du mal-aimé roi Louis II de Bavière que se livre Janine Decant dont c’est apparemment le premier ouvrage. L’auteur est prudente : elle ne fait suivre son titre ni de la mention « biographie » ni de celle de « roman ». En effet, il faut plus justement parler de reconstitution historique.  Chaque chapitre commence par une reconstitution des heures qui se sont écoulées entre le 9 juin et le 13 juin 1886, entre la révélation du complot, la destitution et la mort énigmatique du Roi. Suivent ensuite les pensées du Roi de 1864 à 1886,  reconstituées au travers de lettres des protagonistes de l’époque, citées par Jean des Cars, Marianne Wörzag-Parizot,  Elisabeth Fontaine-Bachelier et Egon César Comte Corti. C’est dire qu’il s’agit d’un travail de seconde main qui s’appuie sur les recherches antérieures mais se veut une tentative de l’auteur de se mettre dans la peau de Louis II de Bavière et de cerner ses rêves et ses idées au travers de ses lectures, de ses amitiés, de ses lectures et de l’œuvre de Richard Wagner (dont Louis II fut le mécène) pour en dresser un portrait qui s’avère finalement très réaliste, humain et extrêmement plausible. Il est touchant de pouvoir, par l’intermédiaire de Madame Decant, entrer dans la peau du Roi, tenter de comprendre sa sensibilité à fleur de peau, ses idéaux, ses rêves. 

 

Qui était donc le roi Louis II de Bavière ?

C’est en 1864, à l’âge de dix-huit ans, que Louis devient roi. Il est jeune, intelligent, beau et est acclamé par tout son peuple. Il succède à son père Maximilien et les rapports familiaux avec sa mère, qu’il admire pourtant, semblent difficiles. Il a assisté trois ans auparavant aux représentations de Lohengrin et de Tannhaüser, deux des premiers opéras de Richard Wagner, et rencontre le Maître, l’Ami, l’Unique pour la première fois, le 4 mai 1864. A dater de ce jour, il restera fidèle au compositeur et lui permettra de construire son œuvre et la ville-temple qui l’abritera : Bayreuth.

A côté de la passion pour la musique, Louis II a la passion de la construction. Dans les magnifiques châteaux qu’il fait édifier dans les plus beaux endroits de sa chère Bavière, sont présentés de manière récurrente ses thèmes les plus chers : les opéras de Richard Wagner, le Moyen Age, le XVIIe siècle français à la cour de Louis XIV à Versailles. Ces constructions magiques ont couté des fortunes, ce qui fut probablement une des causes de sa destitution. Il faut citer les châteaux de Linderhof (son préféré), Neuschwanstein et ceux qu’il a fait transformer ou aménager et où il a vécu : Nymphenburg (où il est né), la Residenz à Munich, Hohenschwangau,… Depuis 1871, le pouvoir véritable se trouvait à Berlin, entre les mains du chancelier Bismarck. Louis II avait de moins en moins de pouvoir et s’est réfugié dans ses rêves de grandeur. Il a légué à la Bavière actuelle un formidable trésor qui lui permet de vivre et de profiter du tourisme ! Et pourtant, en visitant Neuschwanstein cet été, je ne cessai de me dire que Louis II, le roi solitaire, n’aurait pas supporté cette foule dans son château préféré.

Si on évoque Louis II, c’est aussi le mot « solitude » qui vient à l’esprit. Tout en s’intéressant au travail des plus humbles, des artisans, et en leur parlant de leur vie et de leurs préoccupations, il devint de plus en plus méfiant de son entourage et se réfugia dans la solitude et sans ses rêves. Il vivait la nuit, ne s’endormant qu’à l’aube jusqu’à midi ou plus. Il avait de moins en moins confiance en ses domestiques (avec lesquels parfois les rapports étaient difficiles car, pour éprouver leur fidélité, le Roi les testait en leur imposant des ordres parfois extravagants ou inhabituels) et en ses ministres.

Quant à sa mort restée énigmatique et mystérieuse, l’auteur, tout en nous livrant les différentes versions possibles, de l’officielle aux variantes, penche pour celle de l’assassinat par balles du Roi et de son médecin Gudden.

La conclusion s’impose : Louis II de Bavière ne voulait pas mourir, simplement vivre en accord avec ses rêves, si extravagants fussent-ils aux yeux de ses contemporains.

 

Vous fûtes un poète, un soldat, le seul Roi

De ce siècle où les rois se font si peu de choses,

Et le Martyr de la Raison selon la Foi.[1]

 

 

ludwig_05_370

 

Louis II

 

Janine DECANT, Louis II de Bavière. Le Roi bâtisseur de rêves, Paris, Granger, 2012, 444 p.

 



[1] Paul VERLAINE, Sonnets, A Louis II de Bavière (passim)

 

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