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Legendi tempus
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18 juin 2008

Jacqueline HARPMAN, Ce que Dominique n'a pas su (2008)

Ce_que_Dominique_n_a_pas_su

«Les héros de romans ne meurent jamais…». C’est ainsi que Jacqueline Harpman commence « Ce que Dominique n’a pas su », son dernier livre.

L’histoire de départ a été conçue au XIXème siècle par Eugène Fromentin et publiée sous le titre « Dominique ». Elle est ici revue sous la plume psychanalytique de l’écrivain belge.

Madeleine et Julie d’Orsel sont deux sœurs. Le récit d’Harpman commence à la mort de leur mère. Madeleine, jeune fille jolie et, en tous points, parfaite, quitte le couvent où son éducation a été lissée et polie, et prend à cœur la tâche de seconde maman pour sa cadette.
Quant à Julie, 12 ans, elle a très  rapidement conscience de son indocilité. C’est une adolescente déjà décidée et rebelle dans la lignée des très beaux portraits que Jacqueline Harpman nous a déjà offert : Catherine dans « Le véritable amour » ou Emilienne dans «La plage d’Ostende ».

Ainsi, Julie est une adolescente qui sait le mariage n’est pas pour elle, ce qui n’est ni conventionnel ni accepté dans la société provinciale du XIXème siècle dans laquelle elle évolue.

Elle pose sur les êtres qui l’entourent un regard perçant, lucide, attentif et noue avec son cousin Olivier, un « déprimé chronique », une véritable complicité dans tous les domaines. Elle est amoureuse de Dominique de Bray, lutte contre ses sentiments car elle refuse que cette passion détruise sa vie.

Elle se tourne vers le libertinage et les études de médecine. Elle comprend vite que, sous un masque imperturbable de perfection et de sérénité, Madeleine, sa sœur, cache une véritable détresse conjugale. Alors que le Comte de Nièvres, l’époux de Madeleine, et leur père ont des affaires à traiter dans la région, la famille au complet est invitée aux Trembles dans la demeure de Dominique de Bray qui aime d’un amour désespéré et muet Madeleine ; ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est aimé d’un amour tout aussi désespéré de Julie.

Pour Julie ce sont à la fois des journées de bonheur (elle voit Dominique tous les jours) et de tristesse (Dominique passe ses journées à faire découvrir le domaine à Madeleine).

Mais Madeleine est de plus en plus troublée et se ment, ou plutôt se refuse à être lucide sur ses véritables sentiments. Dominique s’éloigne pour plusieurs mois, voyage, revient… et les sentiments amoureux reprennent vie…

Madeleine et Dominique ne se quittent plus. Dominique ne demandera rien à Madeleine parce qu’elle est mariée, Madeleine ne trompera pas son mari parce que cela ne se fait pas ; elle restera fidèle à Nièvres qu’elle n’aime pas, jusqu'à en mourir, plutôt que de répondre à la passion de son amoureux trop réservé. 

Jacqueline Harpman est l’une de mes auteurs préférés. Ce livre-ci ne me laissera pas le choc émotionnel ressenti à la lecture de « La plage d’Ostende » ou du « Bonheur dans le crime » ou encore de « L’orage rompu » mais, outre l’écriture limpide, on y retrouve tous les thèmes chers à l’écrivain : l’amour, le désir amoureux, l’éveil de la sensualité, le XIXème siècle et sa littérature, la bienséance et les conventions, les scrupules, le désir de liberté et d’indépendance des filles, le caractère déterminé, intelligent, clairvoyant de ses héroïnes, l’analyse des caractères et des sentiments,…

Et j’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé…

Lune de Pluie en dit aussi beaucoup de bien. La presse également.


Jacqueline Harpman est née à Etterbeek le 5 juillet 1929. Elle commence des études de médecine mais recule en 2ème doctorat devant certains actes médicaux, s’estimant mal formée. En 1954, elle s’adonne complètement à l’écriture, publie « Brève Arcadie » (1959) et « L’Apparition des esprits » (1960), rédige des scénarios ou des commentaires de fils, épouse Pierre Puttemans. En 1969, elle entame des études de psychologie et à partir de 1976, ne fera plus que de la psychanalyse. En 1985, elle recommence à écrire et nous donne ses plus grandes œuvres : « La Mémoire trouble », « La Fille démantelée », « La Plage d’Ostende », « Orlanda », … Depuis, romans et recueils de nouvelles se succèdent.

Jacqueline HARPMAN, Ce que Dominique n'a pas su, Paris, Grasset, 2008, 359 p.

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Commentaires
S
Comme tu le racontes, ce roman a l'air très beau, mais est-il aussi bien que ta prose?
S
Je n'ai pas encore lu cette romancière mais j'ai un de ses livres dans ma PAL.
K
je crois que je vais prendre un peu de repos: ce roman me semble décidemment tout indiqué...
L
Merci pour votre commentaire qui me permet de découvrir votre billet sur un livre que j'ai beaucoup apprécié ainsi que tous les livres de Harpman (particulièrement tous ceux que vous citez - "un choc émotionnel", c'est exact!). Je remarque aussi quelques points communs, je reviendrai :) Bonne journée.
T
Je viens de mettre la réponse à ta question sur le billet, surprise : est ce de moi ou non, à ton avis ?
Legendi tempus
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